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Ah ! Les années d’Or du foot algérien des années 80, où les entreprises publiques finançaient les clubs d'élite, furent une époque glorieuse. Les Verts se sont ainsi qualifiés pour les Jeux olympiques de Moscou en 1980 et pour les Coupes du monde d'Espagne en 1982 et du Mexique en 1986. Ces années brillantes ont également vu des participations marquantes à la Coupe d'Afrique des Nations, couronnées par le titre continental en 1990. Deux Ballons d'Or ont été décernés à Belloumi et Madjer, et les clubs algériens ont remporté des Coupes d'Afrique des clubs.
Aujourd'hui, la situation du football en Algérie a bien changé. En 2024, les joueurs du championnat national de première division ont coûté plus de 37 milliards de centimes en salaires mensuels. Les résultats, cependant, ne sont pas à la hauteur des attentes. Les patrons de clubs algériens, notamment les riches propriétaires d’entreprises, continuent de faire parler d'eux en dépensant des sommes colossales pour recruter de nouveaux joueurs. Ces recrutements, souvent agressifs et dispendieux, visent autant à apaiser les supporters qu'à renforcer les équipes. Cependant, ils aboutissent souvent à des erreurs de casting, des joueurs n'ayant même pas participé à une seule minute de jeu et engendrant des litiges jusqu'à la FIFA. Pendant ce temps, les clubs des autres wilayas, aux moyens plus modestes, restent spectateurs, attendant de pouvoir recruter les joueurs laissés de côté par les clubs riches. Cette situation crée un déséquilibre flagrant dans le championnat, où certains clubs peinent à subsister tandis que d'autres offrent des conditions luxueuses à leurs joueurs.
Les présidents de clubs, malgré des dépenses incontrôlées, préfèrent souvent engager des entraîneurs étrangers, parfois de niveau inférieur à certains entraîneurs algériens, et les paient en devises fortes. Ces choix, loin d'apporter des améliorations notables, continuent de frustrer les supporters. La finale de la Coupe d'Algérie, jouée le 5 juillet entre le Mouloudia d'Algérie et le Chabab de Belouzidad, en est un exemple frappant : malgré la victoire du Chabab, les supporters ont été déçus par la prestation des joueurs et l'incapacité des entraîneurs étrangers. Cependant, une question persiste : si le vainqueur du championnat national ne reçoit que deux milliards de centimes, quel est l'intérêt d'augmenter le nombre de joueurs étrangers ? Le club de l'ES Sétif, qui a remporté la Ligue des champions d'Afrique en 2014 avec une équipe principalement composée de joueurs locaux, montre que la victoire est possible sans recourir massivement aux talents étrangers.
En conclusion, le football algérien semble à un carrefour, tiraillé entre la nostalgie de ses années d'or et les défis actuels de gestion et de développement. Une réévaluation des priorités et des stratégies pourrait être nécessaire pour redonner au football algérien la place qu'il mérite sur la scène internationale.