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Dans un coin d’un douar de la ville des ‘’quarante Chachias’’, où la vie semblait s'étouffer sous le poids des soucis, un homme désespéré qui souffrait de mal-logement frappa à la porte du député local. Sa voix tremblait d'exaspération alors qu'il déversait son fardeau : « Je vis entassé avec ma famille dans une seule pièce, Monsieur. Ma femme, mes six enfants et ma mère. Que puis-je faire ? »
Le député, habitué à ces lamentations, écouta attentivement avant de répondre avec une calme assurance. « Je vais parler avec le wali, il me fait confiance, et il m’estime beaucoup ! D’ailleurs tu m’as vu sur les photos avec lui lors de la dernière visite du ministre. Même avec le ministre, j’ai de bons contacts. Je pourrais même lui envoyer un message pour régler ton petit problème. »
« Mon petit problème, tu dis ! Pour moi, c’est un grand fardeau, et une mort lente pour moi et ma famille, » rétorqua le pauvre citoyen, tout en cachant timidement ses larmes qui explosaient au bout de ses paupières.
« Ah ! Patience, petit vieux, ce n’est pas la fin du monde, » le soulagea le député avant de lui faire entendre que, pas plus tard qu’hier, il était en conférence de presse organisée par l’association locale, en compagnie de ses collègues, et il a justement soulevé son problème et les problèmes de beaucoup de citoyens qui souffrent du manque de logement. « Attends et tu vas bientôt avoir un très beau F3, vue sur mer. »
« Si je suis venu te demander de l’aide, monsieur le député, c’est juste pour te rappeler que tu m’as promis un logement durant la campagne électorale des élections législatives précédentes, » évoqua le pauvre homme avant de lui réclamer de tenir promesse. « Patience, cher ami, » répondit le député, « je ne t’ai pas oublié, sauf que maintenant je suis absolument pris par les préparatifs de la prochaine campagne électorale. J’ai même sacrifié mes vacances pour la Tunisie pour l’intérêt public, et tu dois encore faire de même pour m’aider dans cette mission, » lui expliqua le député avant de lui rappeler que ce n’est pas le moment de penser au logement, car il faut unir toutes nos forces pour construire notre maison, ta maison, qui est le pays !
L’homme, désespéré, avait du mal à avaler cette réponse masquée par des mensonges. « C'est intolérable, insupportable, » rétorqua-t-il. Le politicien, impassible, lui conseilla alors d’oublier temporairement son malheur, car finalement, il va être libéré du poids de son fardeau dans les prochains mois, lui laissant le temps pour discuter avec ses collègues lors de la prochaine conférence de presse de l’association des élites de la presse locale.
Cette scène, triste reflet des réalités quotidiennes de nombreux citoyens, montre bien comment certaines promesses électorales deviennent de simples mots vides une fois les élections passées. Le désespoir de cet homme illustre la distance souvent immense entre les discours politiques et les vraies préoccupations des citoyens.