BIRMANIE
Plus de 12 000 personnes ont fui les raids aériens menés par l'armée birmane ces derniers jours, a assuré, samedi 3 avril, une faction ethnique rebelle, déplorant aussi « de nombreuses victimes » et « la destruction d'écoles et de villages ».
Ripostant au bain de sang des forces de sécurité contre les opposants au coup d'État du 1er février, la KNU s'était emparée la semaine dernière d'une base militaire dans l'État Karen dans le sud-est du pays. L'armée avait riposté en menant des raids aériens entre le 27 et le 30 mars, ciblant des places fortes de la KNU, une première depuis une vingtaine d'années dans cette région. « Beaucoup de civils sont morts, dont des mineurs et des étudiants. Des écoles, des maisons et des villages ont été détruits », a relevé la KNU. « Nous exhortons toutes les minorités ethniques du pays (…) à engager des actions fortes et à prendre des sanctions » contre les responsables, a appelé la KNU. Depuis l'indépendance de la Birmanie en 1948, de nombreuses factions ethniques armées sont en conflit avec le gouvernement central pour obtenir plus d'autonomie, la reconnaissance de leur spécificité, l'accès aux nombreuses richesses naturelles du pays ou une part du lucratif trafic de drogue. L'armée avait conclu ces dernières années un cessez-le-feu avec certaines d'entre elles. Mais, depuis le coup d'État qui a renversé le gouvernement civil d'Aung San Suu Kyi, plusieurs ont apporté leur soutien à la mobilisation démocratique et menacé de reprendre les armes contre la junte qui réprime dans le sang la contestation. 550 civils sont tombés sous les balles des forces de sécurité ces deux derniers mois, d'après l'Association d'assistance aux prisonniers politiques (AAPP). Le bilan pourrait être beaucoup plus lourd puisque plus de 2 700 personnes ont été arrêtées. Détenues au secret, sans accès à leur proche ou à un avocat, beaucoup sont portées disparues. La junte a aussi bloqué l'accès à Internet pour une grande majorité de la population, coupant les données mobiles et les connexions sans fil. Les généraux font fi des condamnations internationales. Le Conseil de sécurité de l'ONU a « exprimé sa profonde préoccupation face à la détérioration rapide de la situation », condamnant « fermement » les violences dans une déclaration unanime.